Enfant, il avait mordu les fesses d’Isabelle Houle, puis son adolescence fut marquée par l’assassinat de Sandra Bédard, une camarade de classe. Sa jeunesse, elle, évolua dans l’ombre de la disparition d’Hannah, muse du groupe rock dont Raph faisait partie. C’est d’ailleurs en voulant voler une guitare, qui était en fait une basse, que sa vie s’est avérée une fuite en perpétuel avancement. Si Raph n’a pas eu la carrière qu’il souhaitait, il a tout de même travaillé avec des groupes de renommée internationale et voyagé un peu partout grâce à son métier. C’est d’ailleurs à Paris, alors qu’il est obsédé par un tableau d’un peintre montréalais qu’il estime sous-évalué et qu’il prend part à une manifestation pour de meilleurs contrats de premier emploi, que Raph, plongé dans ses pensées, se met à analyser sa vie, puis à tout observer sous l’angle de l’engagement, et surtout, sous celui de la reconnaissance.

« Fretless », c’est le nom que l’on donne à une basse électrique dont le manche est dépourvu de frettes, à l'instar de nombreux instruments à cordes comme le violon, le violoncelle ou la contrebasse. Cela permet une continuité d'une note à une autre lors des glissés, et dans ce roman, on glisse beaucoup. Lorsqu’on joue de la « fretless », on perçoit très peu de parasites sonores. Cependant, les parasites dans l’univers qui nous est ici présenté sont nombreux, mais ils ne proviennent pas de la musique : ce sont des personnages satellites qui affectent inévitablement le grain de la voix de celui qui raconte.

Stéphane Despatie est lauréat du Prix de poésie Gatien-Lapointe — Jaime-Sabines 2022 remis par le Seminario de Cultura de Mexico et le Festival international de la poésie de Trois-Rivières.